Je poursuis mon petit rappel théorique sur des bases du processus de la CNV débuté dans l’article Etape 1 : Observation ou évaluation ? afin de bien les intégrer !
L’article précédent détaillait la première étape du processus. Dans celui-là, je vous parle de la deuxième étape : une fois que nous avons identifié nos jugements et nos observations par rapport à une situation, nous pouvons exprimer comment nous nous sentons par rapport à elle.
« Nous avons le droit de ressentir ce que nous ressentons : sensations physiques et émotions. »
Catherine Schmider, formatrice CNV
En écrivant cet article, je me suis demandé quelle était la différence entre émotion et sentiment, car dans les livres de CNV, les deux termes sont souvent employés. J’ai l’impression qu’ils y sont utilisés comme synonymes, ce n’est pas vraiment clair pour moi… En tout cas, il existe bien une différence entre les deux.
Émotions ?
L’émotion est une réaction spontanée du corps, sans lien avec le mental, qui permet au corps de répondre de façon adaptée à un stimulus de l’environnement. Elle peut s’accompagner de manifestations physiques (agitation, rythme respiration et cardiaque modifiés). Elle est courte (souvent 3 à 4 minutes).
Les émotions de base sont la joie, la surprise, la tristesse, la colère, le dégoût, la peur, la honte. Elles sont très utiles car ce sont des signaux qui nous indiquent si nos besoins sont satisfaits ou non. C’est pourquoi, en CNV, il ne s’agit pas d’essayer de ne plus ressentir d’émotions désagréables mais de les accueillir, ce qui permettra qu’elles s’apaisent et se transforment.
Gérer ses émotions ?
Les émotions peuvent être stimulées par notre environnement, mais aussi, comme je vous en parlais dans cet article, par nos pensées, nos interprétations, ce que nous nous racontons…
Nous ne pouvons pas agir sur nos émotions face à une situation, car nous ne les contrôlons pas.
Mais nous pouvons choisir d’agir sur les pensées qui les déclenchent ! Nous pouvons vérifier que nous ne sommes pas en train d’interpréter les choses. Et nous pouvons choisir sur quoi nous portons notre attention car cela modifiera nos émotions (par exemple, si pense aux bons moments que j’ai passés dans la journée, ou aux mauvais).
Sentiments ?
Les sentiments, contrairement aux émotions, sont liés à un état affectif durable. Ils sont la conséquence d’une construction mentale. Ils peuvent être le prolongement d’une émotion et peuvent persister sans stimulus extérieur, s’ils sont ressassés et alimentés par des pensées.
Nos sentiments nous appartiennent
Sachant, cela, il est important de prendre la responsabilité de nos sentiments, car cela nous donnera la possibilité de mettre en place des actions pour faire changer les choses, si nécessaire.
Si au contraire, nous donnons aux autres la télécommande de nos sentiments, en leur en attribuant la responsabilité, et puisque nous ne pouvons pas les changer, nous perdons tout pouvoir et sommes donc à leur merci, sans espoir de pouvoir changer quoi que ce soit. Plutôt déprimant non ?
Sentiments, émotions et pensées
Il est donc important de différencier nos sentiments (et émotions) de nos pensées. La langue française ne nous aide pas, car le verbe « sentir » peut-être employé pour exprimer des pensées ET des sentiments.
Par exemple, les phrases qui commencent par « je sens que » expriment toujours des pensées :
« Je sens que je n’y arriverai pas. »
« Je sens que mon voisin ne m’aime pas… »
Certains sentiments (ou émotions) sont également mélangés à des jugements sur les autres ou sur nous-mêmes (colère, contre quelqu’un, honte et culpabilité, contre nous-mêmes).
Il y a aussi des expressions qui nous enlèvent la responsabilité de nos sentiments et portent un jugement sur l’autre.
Par exemple : « Elle m’énerve ! » laisse penser que l’autre est la cause de notre énervement. Or c’est la situation qui est un stimulus pour nous car nos besoins ne sont pas satisfaits dans celle-ci. En fait, je suis énervé parce que je voudrais être pris en compte et entendu alors que je dois répéter plusieurs fois.
Enfin, il y a ce qu’on appelle les évaluations masquées : ce sont des mots qui contiennent des jugements négatifs ou positifs sur nous ou sur les autres.
Exemples:
- Évaluations négatives: incapable, bête, jaloux, déconsidéré, étouffé, ignoré…
- Évaluations positives: compétent, intelligent, intéressant, accepté, compris, entendu…
En bref,
- Lorsqu’une émotion me traverse, je l’accueille, ainsi que mes ressentis physiques.
- Je détermine quel stimulus l’a déclenchée (extérieur ou intérieur ? pensées ?).
- Je prends ma responsabilité et j’évite les évaluations masquées. « Je me sens… » « Je suis… »
Ressources: Liste des sentiments et besoins